Vers un numérique “european by design” — Notre dossier de veille spécial EUROPE



Le numérique et l’Europe : à peine le sujet mis sur la table, ce sont les États-Unis qui s’invitent. Hégémonie des Gafa, avance technologique, taille du marché, montant des investissements… l’Amérique de tous les records semble éclipser les autres continents.

Pourtant, malgré son atomisation culturelle, linguistique et politique, l’Union européenne prend la voie du marché commun que les acteurs économiques appellent de leurs vœux. En effet, la proximité géographique des États membres, la législation qui lisse les frontières, et la monnaie unique invitent de plus en plus les entreprises à se tourner vers l’Europe. Alors comment la Commission Européenne favorise-t-elle ce marché intérieur ? Quelles relations entretiennent les acteurs du numérique avec l’Europe ? Qu’attendent-ils du Parlement pour ses 5 prochaines années de mandat ?

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What comes with "european by design"

En pratique, l'Europe d'aujourd'hui vient avec son lot de guidelines innovantes pour un numérique durable et ne fait pas fi des grands sujets portés par les acteurs et utilisateurs numériques

L’éthique comme soft power

Dans la géopolitique du numérique, l’Europe se distingue des autres pôles d’influence par les valeurs qu’elle tâche d’infuser dans l’économique numérique, à savoir le respect des droits humains, et notamment celui à la vie privée. Le RGPD illustre très bien ce mouvement. C’est dans cette lignée que la Commission Européenne a dévoilé en avril les “lignes directrices pour une IA de confiance”, qui devra être contrôlée et supervisée par l’humain, et qui reposera sur des algorithmes non discriminants, intègres, sécurisés et traçables.

IA for good?

Non-contraignantes pour le moment, ces consignes ont le mérite d’appeler à une technologie qui, sur tout le territoire européen, répondra à un ensemble de valeurs que l’Union Européenne veut « exportables », par une série de partenariats. Le Japon, le Canada ou encore Singapour sont notamment pressentis. L’Europe peut-elle pour autant rattraper la Chine et les États-Unis dans le domaine de l’intelligence artificielle ? Les avis divergent, mais la doléance est univoque : l’investissement demeure trop faible. Un programme de financement comme “AI4EU”, lancé en 2019, avec 20 millions d’euros à la clé, va certes dans le bon sens, mais reste en deçà des attentes des acteurs de la R&D.

La nécessaire acculturation des entreprises aux projets européens

Pour autant, en France, encore trop peu d’entreprises répondent aux appels à projets lancés par la Commission Européenne. D’abord par manque de temps : produire un état de l’art, formuler une réponse sur mesure, en anglais, organiser un projet sur un temps long… ces conditions freinent autant les PME que les grands groupes. A l’inverse, les pôles de recherche sont plus coutumiers des dispositifs européens. Cela s’explique par le fait que, dans le milieu académique, les relations relèvent davantage de l’émulation que de la concurrence. Une ouverture d’esprit que Charles Huot, président de Cap Digital, appelle à cultiver au sein de l’industrie, en multipliant les collaborations entre entreprises et laboratoires, qui, en plus, sont souvent apporteurs de connexions internationales précieuses aux entreprises.

L'Europe, ups and downs

Doper les dispositifs de financements pour soutenir l'innovation, oui, mais ne négligeons pas pour autant la nécessaire question environnementale ?

Vers des fonds en cascade

Des appels à projets trop compétitifs, trop souvent remportés par la même catégorie d’acteurs : c’est ce constat qui a conduit l’Europe à renforcer les projets de “cascade funding”. Cela signifie qu’une partie des budgets est confiée à des consortiums chargés de les redistribuer à des acteurs de l’innovation. A la clef : des financements plus souples, certes plus bas que ceux du programme H2020, mais beaucoup plus accessibles aux start-up. Cap Digital est ainsi partenaire de ce type de consortiums et l’un des points de contact de la Commission européenne sur le programme “Next Generation Internet”, qui soutient les innovateurs de l’Internet qui favorisent l’accessibilité, la transparence, l’inclusion, la “privacy by design”, et l’open data.

L’environnement, un détail ?

L’éthique est indéniablement au cœur de l’agenda numérique de la Commission Européenne. En comparaison, le manque d’ambition de l’Europe pour l’environnement est d’autant plus flagrant, à l’heure où l’urgence climatique menace l’humanité. L’empreinte écologique de l’industrie numérique est telle que l’on pourrait s’attendre à ce qu’elle soit un critère restrictif et majeur des appels à projets TIC. Hélas, constate Manuella Portier, directrice des affaires européennes de Cap Digital : en dehors des projets directement liés à l’énergie, aux transports ou à l’urbanisation, la question environnementale semble être oubliée, là où il faudrait la rendre systémique, et systématique. Si bien que certaines entreprises prennent les devants.

C’est le cas de Back Market, mais aussi OVH et Qwant, trois entreprises adhérentes de Cap Digital que nous avons interrogées sur leur rapport à l’Europe : environnement donc, mais aussi législation, stratégie internationale, recrutement… Retrouvez les interviews de Vianney Vaute (Back Market), Alban Schmutz (OVH) et Guillaume Champeau (Qwant).

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